L'histoire du Bac

Du bac au pont

Il faut attendre 1843 et une décision du conseil municipal porté par le maire de l’époque Anatole Fouquet, pour envisager un pont reliant Asnières à Clichy-La-Garenne. Jusqu’ici, et depuis le moyen-âge, le quartier possède un seul et unique moyen de passage utilisé par les piétons, les chevaux et les convois légers : le bac. D’où la dénomination actuelle de l’écoquartier. Faute de pont, la navette faisait en effet la liaison plusieurs fois par jour entre les deux villes. Le droit de passage est géré par les moines de Saint Denis. Il faut dire qu’il s’agit du chemin le plus court pour les Parisiens pour se rendre à Argenteuil et admirer « La Sainte Tunique du Christ » offerte par l’Impératrice Irène de Constantinople à Charlemagne. Dans les années 40, la donne évolue avec la construction d’un pont (en bois d’abord) ente Clichy et la rive gauche d’Asnières dans le prolongement de la rue du bac d’Asnières. L’ossature en bois a rapidement laissé place, en 1852, à une armature en fer pour une infrastructure réservée aux chemins de fer de l’Ouest... Fort de ses 6 arches sur des piliers en maçonnerie et une charpente métallique, le pont – construit par Ernest Gouin - est aujourd’hui présenté comme le premier pont de fer en Europe.

Sources : Marc Gaillard, Les Belles Heures de Clichy, Editions Martelle.

Crédit Cartes postales anciennes de Clichy » : Denis Colin

Une vraie usine à gaz

Avant que la Société du Gaz de Paris (SGP) n’y installe son usine et y érige sept gazomètres en 1878, le quartier du Chemin du bac d’Asnières fut longtemps investi par les lavandières chargées de laver le linge des bourgeois le long de la rive. Dans les années 1830, les bateaux-lavoirs leur succéderont avant que ne sorte de terre la Compagnie du Verre Français et Etranger. Une trentaine d’années plus tard, c’est l’imprimerie parisienne Dupont qui succèdera à la Société de verreries impériales, couvrant ainsi une superficie de deux hectares. Quant à l’usine à gaz de la SGP et ses sept gazomètres, ils ont pendant près de quatre-vingt ans constitué les symboles « visibles de la ville et de son « quartier d’usines », marquant le paysage urbain. Il faut dire que les colonnes mesuraient près de 60 mètres de haut pour 55 mètres de diamètre. A noter que la proximité de la Seine tout comme la nature défavorable du sol ont imposé, avant d’accueillir l’usine à gaz, l’exécution de fondations sans précédents. Pour la protéger des crues de la Seine, le terrain fut surélevé de 6 mètres avec l’apport de déblais issus des principaux chantiers de l’entreprise, dont, dit-on, les terres excavées du Champ de Mars au cours de l’édification des fondations de la Tour Eiffel. Immortalisées par Georges Seurat en 1883, par Van Gogh en 1887, et par l’artiste peintre paysagiste français Paul Signac en 1886, les immenses colonnes servaient à stocker le gaz produit sur place : la houille était distillée dans des fours appelés « cornues », ce qui permettait de la décomposer en produits volatiles et en coke (un combustible). Le gaz devait encore subir plusieurs opérations de traitement avant d'être utilisable. Cette industrie qui employait des centaines d'ouvriers, permettait d'éclairer les rues et de chauffer les immeubles... Démantelés en 1964, les gazomètres avaient laissé place depuis à une friche, où la nature a peu à peu repris ses droits, donnant lieu à cet étonnant paysage que la Ville a choisi de préserver et de mettre en valeur avec la création de ce parc des impressionnistes...

L'empreinte Eiffel à Clichy

Le créateur de la Tour Eiffel n’a pas seulement vécu à Clichy. Il y a réalisé quelques ouvrages et même laissé une marque encrée dans le territoire locale. En 1855, il est recruté par Charles Neveu, ingénieur-constructeur de matériel de chemins de fer, membre du Comité de la Société des Ingénieurs Civils. Charles Neveu était à la tête d’ateliers importants, dont une annexe était située à Clichy, près du pont d’Asnières, où l’on s’occupait plus spécialement de la construction de wagons.  Gustave Eiffel occupe tout d’abord le poste d’assistant personnel de Charles Neveu, pour étudier notamment les questions des fondations à proximité de milieux humides. Quand la compagnie de Charles Neveu fusionne avec la Compagnie Générale de Matériel de Chemins de Fer, Gustave Eiffel est nommé Chef du bureau des études dans les usines de Paris » avant de prendre la direction des ateliers de Clichy à la fin de l’année 1862 et de s’y installer pour vivre. Il rachètera d’ailleurs une partie du matériel de Clichy après s’être lancé à son compte. Ce sont donc les machines de Clichy qui fabriqueront, pièce par pièce, la célèbre Tour Eiffel qui sera assemblée sur le Champ de Mars. Outre les 7 gazomètres de l’usine à gaz, les usines Eiffel de Clichy ont également réalisé, en 1875, le pont de biais, qui surplombe toujours la rue Pierre Bérégovoy avec son armature rivetée. Cet ouvrage permettait de relier entre elles plusieurs parcelles de terrain appartenant à la Société Parisienne du Gaz.